Témoignage d'une clinicienne - Julie Mortimore

La sortie d'une cure

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est dire non à un mode de fonctionnement autrefois aliénant, où l'être se trouve assujetti à une jouissance devenue sans limite et qui le plonge dans un brouillard épais, dense, impénétrable sans psychanalyse.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est choisir de ne plus jouir de ses symptômes, d'abandonner cette jouissance si attractive mais déshumanisante. C'est admettre que l'on doit se poser des limites pour retrouver un sens à sa vie, y trouver une harmonie et une sérénité véritable.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est être en accord avec soi-même, réconcilié avec son être, grâce à ce bout de savoir sur soi, obtenu séance après séance, qui met au fait l'individu sur ce qui le déterminait inconsciemment, son fantasme le plus profond.

Toujours en lien avec le complexe œdipien, ce fantasme mis au jour est abandonné, délaissé par l'être devenu sujet. Désormais il sait y faire avec, et peut continuer sa vie plus tranquillement, apaisé d'un conflit psychique qui était devenu un véritable enfer.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est reconnaître une évidence jusque là cachée, voilée par des symptômes et souffrances qui s'efforçaient de brouiller les pistes pour que l'être puisse continuer à jouir, encore et encore, d'une position qu'il s'était assignée et qu'il refusait d'abandonner.

Séances après séances, le psychanalysant tire la tête hors de l'eau, parcourt sa chaine signifiante et trouve la voie vers un autre mode d'être, une autre façon de faire, un autre mode de vie.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est savoir que l'on a touché terre, que l'on a trouvé sa vérité, après un long périple où l'on ne savait rien. C'est savoir enfin où l'on va, éclairé par une traversée tempétueuse mais inévitable pour celui ou celle qui souhaite s'inscrire différemment dans son existence.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est pouvoir se poser des limites, tant réelles que symboliques, et dire STOP à une jouissance devenue destructrice car illimitée. Cette opération de castration symbolique donne accès à cette position de sujet pour l'être qui peut enfin être acteur de sa vie, responsable, capable d'aimer et de travailler véritablement.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est dire OUI à une autre vie, une nouvelle vie, où tout est à reconstruire. L'énergie autrefois consumée par le symptôme, la maladie ou autres formations imaginaires, est désormais disponible pour aller de l'avant, pour construire. Celui qui entre en psychothérapie puis en psychanalyse, guidé par son Moi gonflé à bloc, est un être usé, débordé par ses souffrances, noyé par ses symptômes. Le sujet qui sort de psychanalyse est un être debout, débordant d'énergie, ami de son désir inconscient.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est ne plus être guidé par son ego, par son imaginaire, par une ignorance qui donne toute sa force à la jouissance aliénante et sans fin. C'est savoir vivre avec le manque, supporter l'imprévu, l'indécis, le Réel. C'est dire adieu à ses symptômes qui, vidés de leur substance, n'ont plus de raison d'être.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est avoir vécu quelque chose de fondamental, une expérience unique. C'est prendre son courage à deux mains pour abandonner une jouissance, impossible à stopper sans la parole vraie de sa psychanalyse. C'est être capable de se décrocher de son malheur, de son symptôme, de ses souffrances et d'accéder à cette position de sujet pour devenir plus humain.

Trouver la porte de sortie de sa cure, c'est ne plus vouloir, ni pouvoir, être le même. C'est reconstruire l'ensemble de son existence autrement, avec un autre regard, un autre mode de relation, un autre mode de jouissance. Celui qui a connu l'aliénation de son être reconnaitra l'apaisement inégalable que procure la traversée et la sortie d'une psychanalyse.