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Fiche de lecture de l’œuvre de J. Lacan : De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité

De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité

 

Cette thèse de J. Lacan est publiée en 1932 et marque la fin de sa période du clinicat. L'auteur traite ici de la psychose paranoïaque, acquis de la nosographie psychiatrique de E. Kraepelin, présentée dans ses rapports avec la personnalité.

 

Le texte procède en trois temps. Dans une première partie, J. Lacan passe en revue la littérature concernant le thème et les positions théoriques (et « dogmatiques ») qui s'y rapportent.

La seconde partie relate le « cas Aimée », unique cas de cette thèse d'où l’auteur tire ses hypothèses théoriques et cliniques. Il s'agit selon lui d’exposer un cas de « paranoïa d'autopunition ».

La troisième partie, conclusive, laisse une large place au théories psychanalytiques de S. Freud en ce qui concerne le développement libidinal et plus généralement l’intérêt de la psychanalyse qui pourrait, selon l''auteur, être étendu à la compréhension des psychoses.

 

Après un examen de la théorie kraepelienne de la paranoïa et de la tradition psychiatrique, Lacan procède à une mise au clair de la notion de personnalité d'où il tire deux conceptions différentes de l'étiologie d'une pathologique : la vision psychogénique (pathologie d'origine psychologique, en rapport avec la personnalité) et la vision organiciste (pathologie d'origine organique).

 

Concernant la psychogénie de la paranoia, Lacan cite Bleuler qui soutient l'idée que la paranoïa « dépend avant tout d'une situation à laquelle le malade réagit par sa psychose et de conflit intérieur entre une infériorité ressentie et une exaltation réactionnelle du sentiment du soi, ce conflit étant naturellement exacerbé par les circonstances extérieures » (p. 81). Lacan évoquera également l’importance de la thèse de Kretschmer qui distingue trois facteurs psychologiques qui déterminent le délire : le caractère, l’événement vécu, le milieu social. Dans cette conception, « déclenchement, symptômes, évolution sont essentiellement déterminés par l'ensemble des facteurs (histoire,milieu) qui ont concouru à la formation de la personnalité » (p. 99).

 

Lacan reconnaît à Bleuler le mérite d'avoir examiné chez des malades non pas seulement leurs symptômes mais aussi et surtout leur vie toute entière. Lacan remarque ensuite la tendance contraire à « soumettre le déterminisme de la paranoïa à des facteurs organiques » (p. 125), qu'il réfutera par la suite.

 

Dans une seconde partie, Lacan expose le cas Aimée, cas de paranoïa d'autopunition, pour présenter, après sa minutieuse enquête de la littérature, sa propre conception. Ce cas est choisi car il apparaît à l'auteur comme le plus « significatif » (p. 151).

 

Partant du passage à l'acte de la malade (agression d'une actrice), Lacan nous relate l'histoire de la malade, l'évolution de sa pathologie et le thème de son délire. Il s'agit ici pour l'auteur de tester les théories exposées précédemment et de récuser la réduction organiciste de la paranoïa. Lacan en viendra à la conclusion que les trauma psychiques ont un rôle fondamental dans la psychose et que la psychose en question est en lien direct avec l'histoire et le caractère de la malade, bref sa personnalité. Lacan affirme que le délire a un sens et que chez notre malade, c'est la tendance à l’autopunition qui est exprimée.

 

C'est pour comprendre ce lien entre l'évolution du délire et les événements traumatiques que Lacan fait appel aux théories freudiennes à propos des fixations libidinales. Les relations avec la sœur aînée de la malade auraient joué un rôle décisif dans la genèse du délire qui constitue un déplacement et une projection de la haine réprimée d'Aimée envers sa sœur sur d'autres personnes.

 

Lacan dira ainsi que « durant des années, le délire apparaît donc comme une réaction de fuite devant l'acte agressif » (p. 234). Celui-ci ne parviendra cependant pas à contenir l’intensité de la haine réprimée qui s'exprimera dans le passage à l'acte.

 

Lacan réfute au final complètement l'idée d'une détermination constitutionnelle de la paranoïa qui conduirait à une vision innéiste de ces troubles et empêcherait par la même occasion tout espoir thérapeutique. Il fait place nette aux théories et à la méthode psychanalytiques dont il donne l'impression de s'y convertir et d'y trouver des réponses et points de vue satisfaisants. Il insiste sur l'importance de l'histoire affective du malade et notamment des expériences infantiles.

 

Et de conclure (assez psychanalytiquement) que « paranoïa d'autopunition et paranoïa de revendication forment un groupe spécifique », « par arrêt évolutif de la personnalité au stade génétique du surmoi » (p. 349).

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