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Conclusion du XXVIIIè colloque du RPH - Julie Mortimore

Une clinique psychanalytique contemporaine : conclusion

 

Je profite du plaisir que j’ai d’intervenir en cette fin de journée pour conclure d’une façon plus générale sur l’ensemble de notre cycle, intitulé « Une clinique psychanalytique contemporaine », dans lequel trois colloques ont été articulés pour défendre notre belle discipline, la psychanalyse. Cet ensemble a permis de dégager, notamment grâce à des exemples cliniques concrets, la spécificité de la psychanalyse comme méthode de soin psychique.

 

Le premier colloque, dédié à la technique, nous a permis de travailler et d’échanger du point de vue principalement du clinicien et de sa responsabilité dans la conduite de la cure. Nous avons pu parler de la technique psychanalytique dans une perspective historique et de la façon dont notre clinique d’aujourd’hui s’ancre dans l’héritage freudo-lacanien, tout en innovant perpétuellement dans notre modernité, puisque la psychanalyse a à se réinventer sans cesse. Nous avons pu vous en témoigner avec les techniques nouvelles qui sont théorisées essentiellement par Mr de Amorim au RPH et mises en place dans nos consultations. Dans sa dernière intervention aujourd’hui, Diane Sourouille a, quant à elle, pu nous témoigner de l’inventivité du clinicien face aux technologies nouvelles, en nous parlant de sa clinique au téléphone, qui pose la question de dispositifs nouveaux à créer au gré de la cure, en se servant des moyens techniques à disposition et notamment du téléphone.

 

A l’automne dernier, lors de notre second colloque, la perspective été davantage positionnée du côté du patient, ou du psychanalysant, puisque nous parlions des effets de la cure et ce fut le moyen de témoigner des effets de telles techniques et de la psychanalyse plus généralement, de sa singularité et de ce qu’elle à offrir d’humain, de subjectivité, d’intime dans le dispositif de soin psychique. Ce fut un beau témoignage de comment nous pouvons compter sur elle pour aider chacune et chacun dans la Cité.

 

Forts de ces deux constats-là, de la richesse et de la technique psychanalytique, et des effets que celle-ci peut avoir, ce troisième colloque clôture ce triptyque sur cette interrogation : quel avenir pour la psychanalyse ?

 

C’est donc sur une visée davantage politique que nous terminons cette journée et ce cycle d’étude, qui nous tient également à cœur au RPH, qui est celle d’inclure la psychanalyse dans les débats d’aujourd’hui sur la santé mentale, de défendre et de proposer, encore et toujours, une autre voie que toutes ces tentatives qui vise à combler, boucher, faire taire le désir inconscient.

 

Il me semble important de garder à l’esprit qu’être psychanalyste n’est ni un titre ni une place, c’est juste une position transférentielle dans laquelle le patient nous place lorsqu’il en entre en psychanalyse. Ainsi, il y aura des psychanalystes et de la psychanalyse tant qu’il y aura des psychanalysants, c’est-à-dire tant qu’il y aura ce courage, ce désir de savoir de quelques uns qui veulent autre chose pour eux-mêmes qu’une vie de misère, une vie de souffrance. L’avenir de la psychanalyse dépend essentiellement de ces gens-là qui nous rendent visite et ce désir n’est pas prêt de s’éteindre, surtout si des cliniciens dignement formés sont au rendez-vous pour guider leur cure.

 

Et c’est pourquoi je crois que le cœur de l‘affaire aujourd’hui c’est essentiellement cela, la formation des psychanalystes. Lors d’une discussion avec mes collègues il y a quelques semaines, Mr Legouis avait posé cette question : qui seront les psychanalystes de demain ? Et de répondre qu’à l’époque de Freud, c’était des médecins. Du temps de Lacan, des psychiatres, et aujourd’hui, l’affaire est plutôt dans les mains des psychologues. Mais cela ne suffit pas, Matthieu Julian l’a admirablement dit dans son introduction aujourd’hui, et il a toute l’autorité pour le dire, lui l’étudiant de psychologie qui n’a pas froid aux yeux et a le courage d’assumer un désir décidé de devenir clinicien. Devenir clinicien ne s’apprend pas sur les bancs de l’université.

 

Pourtant, l’avenir de la psychanalyse devra compter avec ces étudiants-là, et avec leur désir, du « bon désir » et une formation rigoureuse. Telles sont les deux conditions sine qua non pour prendre soin de notre discipline. Ces formations s’offrent dans les écoles de psychanalyse et notamment la nôtre, au RPH, qui repose sur ces trois fondements :

 

- une formation théorique solide et continue,

- une pratique clinique dès que possible,

- une cure psychanalytique sans fin, du moins tant que l’on reçoit des psychanalysants.

 

A l’issue de ces trois colloques, me vient à l’esprit que parler de l’avenir de la psychanalyse ne renvoie finalement pas à se demander si la psychanalyse est encore pertinente de nos jours, dans notre modernité, ni d’évoquer un éventuel déclin de cette discipline face à la science toute-puissante de nos sociétés actuelles. La psychanalyse fonctionne ! Il n’y a pas à en douter, et nos deux premiers colloques l’ont largement démontré. Elle fonctionne à la fois pour le patient ou le psychanalysant comme méthode de soin, et à la fois pour le clinicien comme carrière professionnelle. De ce fait, l’avenir de la psychanalyse pose plus exactement la question de la transmission de la psychanalyse et de la formation des psychanalystes. C’est davantage l’avenir des psychanalystes dont il s’agit, car ce sont eux qui auront à la défendre.

 

J’espère que nos colloques auront pu vous témoigner de la rigueur de notre travail, de notre désir, parce que nous faisons cet effort-là d’être ami du divan pour respecter ceux qui nous rendent visite dans nos consultations et leur assurer un travail de qualité. J’espère que ce cycle d’étude a pu mettre suffisamment en lumière que psychanalyste et jouissance débridée, ça ne colle pas, que la force de la psychanalyse est qu’elle se fonde sur le désir et le manque qui le soutient et que celui qui veut assumer cette position éthique de psychanalyste doit avant toute chose se donner les moyens de régler son désir sur la castration afin d’apprendre à ne plus se saboter et d’être apte à conduire les cures de ceux qui ont ce désir décidé de lâcher leur souffrance qui pèse trop lourd.

 

Car en effet, les psychanalysants attendent de nous, cliniciens, qu’on tienne le coup, qu’on les aide à mener leur cure à bon port, qu’on les aide à entendre quelque chose de l’inconscient qui ne s’entend que dans ses ratés. Pour cela, le psychanalyste doit être suffisamment intime de son inconscient.

 

Comme l’a dit Sara Buguet dans son intervention, la psychanalyse est née du désir décidé d’un homme, Sigmund Freud. Le RPH aussi est né du désir et de la générosité d’un homme, Fernando de Amorim, qui a ouvert une voie possible à ceux qui veulent devenir clinicien, grâce à son école et à la formation qu’elle propose. Le RPH est ouvert à tous ceux qui ont ce désir décidé-là.  

 

 

 

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